E-commerce : sueurs froides en 2022 ?

e-commerce en baisse

Les chiffres annoncés du e-commerce font état d’une baisse. La crise sanitaire et les restrictions imposées à ce moment là ont permis la réalisation d’excellents chiffres. Il faut donc voir cette baisse comme un retour à la normale.

Les usines chinoises et les ports chinois sont à l’arrêt, à cause de la politique du zéro covid voulue par le gouvernement de ce pays.

Et l’inflation joue aussi son rôle dans cette baisse constatée. Elle modifie de façon sensible les comportements des consommateurs, qui semble-t-il deviennent économes !

Ces éléments ont un impact direct sur les résultats du e-commerce. Les bénéfices des e-commerçants accusent une forte baisse due aussi à l’augmentation des coûts de distribution : dépenses énergétiques, hausse des salaires, coûts des emballages en hausse.

E-commerce : 15 % de baisse au premier trimestre 2022

Si l’on en croit la Fevad, les ventes ont chuté de 15% au premier trimestre 2022 par rapport à celles de l’année précédente. Cette débâcle, amplifiée par l’inflation n’a pas touché de la même façon les e-commerçants alimentaires ou non alimentaires.

Il faut quand même se rappeler que les deux années précédentes ont été des années de croissance record sur fond de préoccupations sanitaires.

En février et mars, les ventes ont augmenté de 50 % par rapport à l’année précédente, grâce aux réglementations gouvernementales comme le couvre-feu de 18 heures, ce qui a entraîné un effet de base important.

C’est pourquoi, certains experts préconisent de ne pas trop s’attarder sur ces chiffres du premier trimestre 2022, ou alors de les rapprocher des chiffres de l’avant Covid.

Se focaliser sur les moyennes ne sert à rien

« Pour comprendre la situation, s’attacher à des moyennes est inutile. Les chiffres doivent être lus de façon très granulaire, car le boom de l’e-commerce généré par les restrictions sanitaires a biaisé les historiques de données »

Élodie Perthuisot, directrice e-commerce, transformation digitale et data de Carrefour.

Les historiques de données ont été biaisés par le boom du e-commerce résultant des restrictions sanitaires, et il faut donc les décortiquer de manière très fine.

Certains secteurs ont largement profité du début de l’année, l’alimentation ayant fait un bond de 58 % au premier trimestre 2022 par rapport à la période avant Covid. Les ventes de produits de beauté en ligne ont augmenté de 37 %, et l’équipement de la maison de 20 %.

En revanche, selon un autre consultant, , le nombre de biens non alimentaires a été influencé négativement par la pandémie de coronavirus.

L’impact de la production chinoise

Les fabricants chinois ont été incapables de livrer des marchandises aux entrepôts européens, ce qui a entraîné de mauvais résultats commerciaux pour le premier trimestre. De nombreuses lignes de production sont à l’arrêt et les conteneurs sont retardés dans les ports chinois en raison des nouvelles procédures sanitaires mises en place par le gouvernement chinois.

Shanghai, le plus grand port à conteneurs de Chine, est fermé depuis le 27 mars, ce qui limite considérablement les importations d’électronique grand public, de textiles et d’autres biens.

A noter que le confinement de Shangaï commence à s’assouplir progressivement.

Certains cybermarchands n’ont pas pu vendre leurs produits car ils n’avaient plus de stock. D’autres, qui s’approvisionnaient à 100 % en Chine, ont fait faillite.

Pénuries de composants essentiels

Les produits fabriqués en France sont également en difficulté, car les pièces utilisées pour leur fabrication peuvent être bloquées à Shanghai. Les approvisionnements ne seront pas plus faciles au deuxième trimestre, d’autant que les commerçants qui avaient des stocks ont tout vendu.

Anticipation des transports et du stockage

Pour ce qui est de l’industrie du meuble, elle est probablement dans les secteurs les plus touchés. Ceci du fait que les produits soient volumineux. Et dans ce cas, le transport et le stockage doivent être anticipés, et il est fréquent que les clients patientent pour être livrés. D’autant que si la Covid a désorganisé la logistique et le transport international, elle a aussi eu de l’influence au niveau local.

L’e-commerce alimentaire en baisse

L’e-commerce alimentaire a baissé de 4,3 % entre janvier et avril 2022 d’une année sur l’autre. La baisse du télétravail et le retour à la normale des déplacements contribuent à cette chute. Le drive, qui représente 90 % des ventes en ligne du secteur en France enregistre une forte chute depuis l’allègement des restrictions, mais reste néanmoins à un niveau supérieur à celui de 2019.

Seules les livraisons à domicile de produits alimentaires s’en sortent bien, avec plus de 8 % de hausse. Comme quoi, quelques habitudes prisent pendant la crise sanitaire et les confinements ont la vie dure !

L’inflation et son influence sur les résultats du e-commerce

Selon l’INSEE, les chiffres du e-commerce sont influencés par deux facteurs : L’inflation et la déflation.

En France, le taux d’inflation était de 4,9% en avril 2022, selon l’INSEE. Globalement, les salaires n’augmentent pas en fonction de la hausse des prix. Cela prend du temps et n’est pas pratiqué dans tous les secteurs de l’économie, ce qui fait baisser la consommation. Une partie de la baisse des ventes de produits non alimentaires au premier trimestre pourrait être attribuée à l’impact négatif de l’inflation.

Les vendeurs du secteur ont annoncé de mauvais résultats, ce qui corrobore cette notion. Les commandes de Cdiscount au premier trimestre ont chuté. 18,2 % en glissement annuel, avec une croissance de seulement 1,1 % par rapport à l’année précédente. Ses commandes ont diminué de 8,1 % et de 9,2 % par rapport aux deux mêmes années.

La lutte des e-commerces

Les commerçants tentent de lutter contre ce problème en proposant des programmes de fidélité et autres incitations, mais ils pèsent sur leur rentabilité.

Les produits d’occasion peuvent également faire l’objet de publicité. Le patron de Rakuten France, décrit comment les ventes de produits reconditionnés et d’occasion ont augmenté plus rapidement que celles des produits neufs au cours des deux dernières années. De plus, le programme de fidélité Club R, qui compte aujourd’hui 12 millions de membres en France, attire également de plus en plus de marques, tout en attirant davantage de membres. Il a augmenté de 2 millions de membres en France par rapport à juin 2021.

Selon un analyste de l’industrie alimentaire, les achats en ligne permettent de mieux contrôler les dépenses que les grandes surfaces. Ce qui vient du fait que 16 % des achats sont effectués de manière impulsive dans les magasins, contre 4 % au drive.

Au drive, la majorité des chaînes proposent des marques de distributeur, ce qui permet de maintenir des prix bas. Il est également plus facile de vider son panier virtuel, car la facture est plus élevée que de retirer des produits à la caisse d’un supermarché alors que les autres clients s’impatientent.

E-commerces : marges rongées par l’inflation

Les e-commerces subissent l’impact de l’inflation. Selon l’INSEE, les prix de l’énergie ont augmenté de 26,5 % en avril en France.

L’inflation ronge leurs marges des e-commerces. Le prix des carburants a un impact très négatif sur les entreprises. Les coûts de transport (30 % carburant, 35 % personnel, 35 % matériel) ont fortement augmenté depuis début 2022. Un exemple précis : les dépenses d’exploitation d’Amazon ont augmenté de 6 milliards de dollars au premier trimestre 2021, dont 2 milliards résultant de la seule inflation.

Les e-commerces pourront ils tenir longtemps ?

Les e-commerçants ne pourront pas absorber indéfiniment ces hausses de prix, ce qui entraînera une spirale inflationniste et ses effets néfastes sur les achats en ligne non alimentaires. Les prix des produits ont augmenté de 3% en France entre janvier 2021 et janvier 2022, avant même le début du conflit en Ukraine, qui a fortement accéléré cette tendance. Les magasins physiques sont également confrontés à l’inflation et au pouvoir d’achat, ainsi qu’à la hausse des coûts et aux problèmes de rentabilité. Ce n’est pas facile…

Crises et E-commerce : Une nouvelle naissance

La crise du Covid a donc eu une forte influence sur les résultats du E-commerce.

Dans un premier temps avec l’augmentation du nombre d’acheteurs en ligne, du fait de la fermeture de tous les points de vente non essentiels en ville… Cela a permis aux réfractaires de prendre quelques nouvelles habitudes de consommation.

Mais la réouverture des commerces et la levée des restrictions suite à l’allègement des risques Covid du fait de la vaccination généralisée a généré un « retour à la normale » en ce début d’année 2022.

Toutefois, toutes les régions du monde ne sont pas logées à la même enseigne. La Chine, avec le confinement, et le ralentissement des chaines de fabrication, la fermeture de certains de ses ports, a généré un manque de produits finis et de matière première pour l’ensemble du monde. Et bien évidemment une inflation des coûts.

De plus, le conflit en Ukraine déclaré en cours de ce premier trimestre, a généré un autre motif d’inflation sur les énergies. Ce qui entre pour beaucoup dans les coûts de production (Matières premières, emballages…) et de distribution des produits (Augmentations des coûts de livraison…)

Cette période de forte incertitude aura au moins le mérite de nous faire réfléchir, pour modifier nos habitudes d’achats, nos comportements.

Et pour finir, je vous citerai un ancien Premier Ministre de la République Française :

« La crise n’est pas comme une maladie dont ne peut sortir : elle est comme une sorte de nouvelle naissance

Pierre Mauroy – ancien Premier Ministre
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2 réponses à “E-commerce : sueurs froides en 2022 ?”

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